Si tu n'as pas suivi le premier article de cette série Mars au féminin (
que tu peux retrouver ici), je vais te faire un bref récapitulatif. Le mois de Mars est particulièrement fort au sein de la
lutte féministe, alors j'ai décidé de faire une série de chroniques en littérature jeunesse
mettant en avant des héroïnes, des parcours de femmes, des récits féministes et/ou des autrices. Ce sont des livres que j'aime lire au quotidien, tu pourra donc évidemment en retrouver tout au long de l'année sur le blog (et d'autant plus sur
Instagram).
Pour cette seconde édition, je te présente un album que j'aime énormément : Comme un million de papillons noirs de Laura Nsafou et Barbara Brun aux éditions Cambourakis (14€). Au-delà de son contenu, les origines de cet album sont beaucoup trop intéressante pour que je ne te les raconte pas. Voici alors tous les papillons ayant contribué à la réalisation du livre...
LA GENESE
Comme un million de papillons noirs a d'abord été édité aux éditions Bilibok qui n'existent malheureusement plus aujourd'hui, à mon très grand regret... Il s'agissait d'une petite maison qui a d'abord réalisé des livres personnalisables pour que chaque enfant puisse avoir accès à des livres qui reflètent notre société, avec des personnages de différentes ethnies et ayant divers modèles familiaux. Bilibok avait alors à coeur de mettre en avant des personnages moins normatifs que ceux que nous avons l'habitude de lire en se concentrant sur davantage d'empathie et de bienveillance.
Laura Nsafou est l'autrice de l'album mais est aussi une blogueuse afroféministe (tu la connais peut-être sous le pseudonyme
Mrs Roots) qui se consacre à la littérature afro et à la lutte pour les droits des femmes noires. A travers
Comme un million de papillons noirs, elle aborde les moqueries qu'elle a elle entendues sur ses cheveux afro. Elle a été contactée pour écrire
une histoire sur une petite fille au parcours similaire au sien, Adé. Ce récit s'inspire d'une phrase du roman
God help the child de
Toni Morrison, première auteure afro-américaine à avoir reçu un prix Nobel de la littérature. Elle est une figure emblématique dans la lutte féministe et afro-américaine, il faut absolument la lire. Voici ses mots : «
Her clothes were white, her hair like a million black butterflies asleep on her head. » (Ses habits étaient blancs et ses cheveux semblables à un million de papillons noirs endormis sur sa tête)
Barbara Brun, l'illustratrice, a un parcours qui m'intéresse beaucoup ; elle dessine autant sur des livres jeunesse que sur la peau puisqu'elle est également tatoueuse ! Ses dessins sont adorables, chatoyants, pleins de vie... J'ai même récemment rêvé qu'elle me tatouait des papillons qui devenaient réels la nuit... Bref, je crois que Barbara Brun me hante un peu !
Cet album, c'est aussi celui de toustes, puisque les 1000 premiers exemplaires ont été financés via une campagne Ulule. A la suite de cette campagne, Bilibok a réalisé un don de 50 livres à des bibliothèques.
Sur ces belles paroles, tu vas peut-être m'en vouloir de te parler d'un si chouette livre qui n'est plus édité... Pas de panique, il est maintenant disponible aux éditions Cambourakis qui possèdent notamment une collection féministe que j'aime beaucoup, appelée Sorcières.
RÉSUMÉ DE L'HISTOIRE
Adé aime les éclairs au chocolat, poser des questions et surtout, elle aime les fleurs, leurs couleurs, leurs odeurs et les papillons qui s'y baladent. Lorsque le temps se gâte et que la pluie tombe sur son visage, ses nattes prennent du volume et font l'objet de railleries. Dans les bras de sa mère, Adé confie alors qu'elle trouve que ses cheveux ne sont pas beaux. Elle puise finalement beaucoup de tendresse à dans les paroles poétiques de ses tantes, dans les questionnements qu'elle partage avec ses amies et à travers les connaissances capillaires de sa mère. Ses cheveux ne seraient-ils pas finalement comme un million de papillons noirs ?
MON AVIS...
Tu peux t'en douter, si j'ai choisi de chroniquer Comme un million de papillons noirs dans cette série Mars au féminin, c'est que j'aime beaucoup cet album qui est à la hauteur des ambitions initiales de Bilibok, de Laura Nsafou et de Barbara Brun. Nous pouvons lire une histoire où l'amour règne ; celui de soi comme celui de l'autre. Il regorge de poésie. Tout fait allusion à la nature, chaque sens est mis en éveil, tant à travers le scénario que les illustrations. La transmission et le partage y tiennent une place primordiale. Ce n'est pas un simple album sur une petite fille aux cheveux afro, c'est un récit universel (preuve que pour parler à toustes il n'est pas nécessaire de mettre en avant des personnages normatifs).
Comme un million de papillons noirs doit être lu, qu'importe l'âge, le genre ou les origines du lecteur ou de la lectrice. Chacun-e peut y voir son message : s'identifier à Adé, à sa famille, à ses amies, à sa culture, peut-être même aux enfants qui se moquent, constater l'impact que cela peut avoir, apprendre la tolérance et l'empathie... C'est un album très riche que j'aime lire, relire et transmettre, tant aux adultes qu'aux enfants. S'il t'intéresse, tu peux le trouver aux éditions Cambourakis pour 14€.
N'hésite pas à me dire si tu connais Comme un million de papillons noirs, s'il t'intéresse ou même ce que tu lis en ce moment, je te répondrai avec grand plaisir ! Nous nous retrouvons samedi pour une sélection d'albums et la semaine prochaine pour une nouvelle chronique Mars au féminin !
C'était Léa pour Sapristea,
À toi les studios.
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