Sauveur et fils, saison 1 - Marie-Aude Murail

Ça y est, le mois de septembre pointe le bout de son nez, il est temps de dépoussiérer un peu cet endroit et de remettre la machine en route. J'ai décidé de faire la rentrée du blog avec un roman jeunesse, Sauveur et fils, de l'incroyable Marie-Aude Murail. Tu en as peut-être déjà entendu parler, le tome 6 est sorti très récemment et est régulièrement placé en coup de cœur des libraires ; impossible de rater ces couvertures atypiques avec des cochons d'inde faisant les marioles. J'ai décidé de me focaliser aujourd'hui sur la première saison qui, je l'espère, te donnera envie de dévorer ensuite toute la saga !

RÉSUMÉ DE L'HISTOIRE

Sauveur Saint-Yves, psychologue clinicien, a une fâcheuse tendance à prendre son nom au pied de la lettre... Une fois dans son cabinet, séparé de sa vie privée par une simple porte, il ne cesse de se préoccuper de Margaux, 14 ans, qui se taillade le bras, d'Ella, 12 ans, qui s'angoisse à l'école et est en pleine quête d'identité, de Cyrille, 9 ans, qui fait pipi au lit, de Gabin, 16 ans, qui joue à World of Warcraft toute la nuit ou encore des filles Augagneur dont la mère a refait sa vie avec une femme. Mais qui pourrait aider le psychologue à penser davantage à ses propres soucis ? Comment réussir à parler à son petit garçon de 8 ans, Lazare, de sa mère morte cinq ans plus tôt ? Comment construire et reconstruire sa vie quand on passe ses journées à penser à celle des autres ?

LES PERSONNAGES...

Je dois bien sûr insister sur le personnage de Sauveur. Il est grand bonhomme au cœur tendre que n'importe qui aimerait côtoyer (je te mets au défis de penser le contraire). Il a toujours le mot juste, la parole apaisante et semble être le psychologue idéal, guérissant tous les maux d'un simple regard. Il est en réalité loin d'être parfait et c'est ce qui en fait un personnage aussi captivant que complexe. Si son espace intime se sépare de son cabinet d'une simple porte, Sauveur a parfois bien du mal à retrouver sa propre vie tant il passe de temps à penser à celle des autres. Il en oublie notamment son fils, Lazare, qui écoute après l'école les confidences des patients de son père, discrètement caché derrière la porte entrebâillée. 

Lazare est lui aussi un personnage très attachant, il apporte beaucoup d'innocence et d'humour à ce roman. Sous son prisme, tout semble plus beau, plus joyeux. Pourtant, à 8 ans, il prend progressivement conscience du regard que certain·es lui portent en raison de son métissage ou des jugements liés à son éducation donnée par un papa célibataire... Il s'interroge alors lui aussi et cherche à comprendre son histoire. Difficile quand on a un père qui semble communiquer plus facilement avec ses patients qu'avec son propre fils... On ne peut pas toujours lui en vouloir, à ce pauvre Sauveur ; après tout, comment expliquer à un enfant voyant le monde avec un regard neuf qu'à cause de sa couleur de peau, il sera sans cesse discriminé ? C'est très intéressant de lire sa façon d'appréhender les remarques des autres, souvent naïvement maladroites et de découvrir progressivement que le monde n'est pas aussi rose qu'il l'imaginait. 

Les patient-es se dévoilent un peu plus à chaque rendez-vous et permettent d'aborder des thématiques très différentes les unes des autres. Iels apprennent ou ré-apprennent à se connaître petit à petit, au même rythme que nous. Je ne veux pas trop t'en dire, iels sont tous et toutes extrêmement intéressant-es et nous poussent à la réflexion. Certain-es nous correspondent plus que d'autres ou nous font penser à quelqu'un que l'on connaît, que l'on a connu, que l'on n'a pas forcément su aborder correctement... D'ailleurs, de nombreux passages sont très inspirants et incitent à nous aussi remettre en question nos pensées, nos jugements ou nos manières d'agir (comme quoi, ce roman peut aussi être une petite thérapie).

Je t'en glisse un extrait que j'avais partagé sur mon Instagram et qui me parle beaucoup :

« Je me croyais très fort parce que je venais de terminer mes études de psychologie, parce que j'étais amoureux, parce que je m'appelle Sauveur ! J'ai cru que j'allais la sauver.- Et tu n'as pas réussi ? dit Lazare, la voix compatissante.- Non. Parce qu'on ne sauve pas les gens d'eux-mêmes, Lazare. On peut les aimer, les accompagner, les encourager, les soutenir. Mais chacun se sauve soi-même, s'il le veut, s'il le peut. Tu peux aider les autres, Lazare. Mais tu n'es pas tout-puissant. JE n'étais pas tout-puissant. »

EN BREF

Si à la lecture du résumé, tu as pris peur, alors ne pars pas en courant, je t'assure qu'on ne finit pas ce roman avec l'envie de s'enterrer vivant... Contrairement à ce que tu peux imaginer, Sauveur et fils apporte au contraire un message empli de tolérance et de douceur. Il met en avant des thématiques graves reflétant une réalité bien trop souvent prise à la légère, mais si tu connais un peu l'écriture de Marie-Aude Murail, tu sais comme elle peut tout aborder avec une justesse sans faille et même beaucoup d'humour. C'est avant tout un très beau roman.

Il est conseillé à partir de 13 ans et je pense effectivement qu'il peut être compliqué à aborder plus tôt. Sauveur et fils traite des sujets qui peuvent tous et toutes nous toucher personnellement mais que l'on est capable d'interpréter avec davantage de recul quand on est plus âgé-e. N'hésite pas à lire ce roman et à en parler autour de toi, parce qu'il mérite complètement d'être lu mais aussi parce que, aussi doué soit il, Sauveur n'est qu'un personnage couché sur le papier et ne répond malheureusement pas aux questions... Discuter des problématiques qu'il traite permet d'enrichir la réflexion mais aussi de mieux percevoir le roman. 

Quoi qu'il arrive, je ne t'ai pas menti en te disant qu'il s'agit d'une belle histoire douce et drôle, je la relis régulièrement pendant mes vacances quand je n'ai pas trop envie de me prendre la tête et d'être sûre de passer un bon moment.

Si Sauveur et fils de Marie-Aude Murail et édité par L'Ecole des loisirs t'intéresse, tu peux le retrouver chez tout bon libraire pour 7,80€ au format poche et 17€ en grand format. Comme toujours, n'hésite pas à me dire si tu l'as lu, ce que tu en as pensé ou si je t'ai donné envie de le découvrir. Tu peux aussi me dire ce que tu lis en ce moment, ça m'intéresse beaucoup !

C'était Léa pour Sapristea,

À toi les studios.

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