#1 - Mars au féminin : Viser la lune, Anne-Fleur Multon et Diglee

Quasi quotidiennement, je te parle de féminisme sur Instagram. C'est un combat qui me prend aux tripes et qu'il n'est plus possible d'éviter en 2021. J'ai besoin de t'en parler, ça prend trop de place dans ma tête pour que ça y reste. C'est tout naturellement que j'ai décidé, pour ce mois de mars si important, de mêler littérature jeunesse et féminisme en te présentant des livres écrits par des femmes, des parcours de femmes et/ou des récits féministes. Je commence par Viser la lune, le premier tome de la série Allô Sorcières d'Anne-Fleur Multon et Diglee, aux éditions Poulpe Fictions (9,95€).

RÉSUMÉ DE L'HISTOIRE

Aliénor a 13 ans, elle vit en Guyane avec sa mère, ingénieure aérospatiale, et son père, fan absolu de Star Wars. C'est avec lui qu'elle aime regarder la série Steven Universe sur laquelle elle décide d'écrire un thread en live sur Twitter. Elle découvre alors le plus beau et le plus laid sur les réseaux sociaux ; quelqu'un vient gratuitement la juger sous ses tweets jusqu'à ce qu'elle soit défendue par trois autres filles de son âge séparées les unes des autres par des milliers de kilomètres : Itaï, Maria et Azza.

Ce roman m'a un peu réconciliée avec la Léa de 13 ans, et c'était pourtant pas gagné ! Adolescente, j'aurais probablement aimé lire des histoires de filles de mon âge qui me ressemblent. C'est ici toute la force de Viser la Lune : je me suis identifiée aux personnages alors qu'en réalité, elles n'ont rien à voir avec l'adolescente que j'étais.

Aliénor est passionnée par l'espace, elle s'éclate à construire une fusée pour le concours d'Eurêka Kids, elle a des parents formidables qui l'accompagnent dans ses projets et qui l'écoutent d'une oreille attentive... Elle est une adolescente particulièrement forte. Elle doit notamment faire face au racisme de ses grands-parents paternels qu'elle décide de rencontrer de gré ou de force. Elle aime passer beaucoup de temps avec ses parents mais elle a dû mal à intégrer les bandes d'autres filles de son âge, qu'elle juge parfois trop superficielles (bingo, c'est ici que j'ai reconnu la Léa de 13 ans). Rencontrer Itaï, Maria et Azza va l'aider à s'ouvrir aux autres et à cerner les gens au-delà des apparences.

Itaï, elle, habite en Nouvelle-Calédonie et joue aussi bien à League of Legends qu'elle manie ses pinceaux à maquillage. Elle vit chez un oncle particulièrement sévère, sa mère étant partie vivre à Tahiti lorsqu'elle s'est séparée de son père qui, lui, travaille sur un bateau dix mois sur douze. Elle est, elle aussi, un personnage très inspirant puisqu'elle décide de lutter contre le sexisme dans le gaming, et notamment au sein des compétitions d'e-sport. 

Maria est une jeune Québécoise engagée, passionnée d'art et de culture. Elle est peut-être celle qui évolue le plus tout au long du roman. Si, au départ, elle est assez discrète et timide, elle réussi à puiser toute l'énergie qu'elle a pour affronter sa mère et prendre confiance en elle. Maria est une héroïne du quotidien qui doit se faire elle-même chaque jour des piqûres d'insuline, ce qui inspire particulièrement les autres filles de la bande.

Azza est la plus jeune, elle vit en France et est constamment sur tous les fronts ! Du haut de ses douze ans et demi, elle gère un blog sur la pâtisserie, une sacrée bande d'amis, ses entraînements de handball et ses petites sœurs qui sont elles aussi bien dynamiques. Grâce à elle et à sa formidable famille, les quatre filles réussissent à franchir tous ces kilomètres pour se trouver.

Viser la lune est, selon moi, un vrai roman d'aventures et de société. A travers toutes les péripéties rafraîchissantes de la bande, on y trouve des personnages captivants et réalistes rarement présents en littérature jeunesse. C'est définitivement une histoire qui fait du bien, à offrir dès 9 ans. Je ne vais pas te mentir cependant, je pense qu'à partir de 15/16 ans, il est plus compliqué de se plonger dans l'histoire.

Anne-Fleur Multon est une autrice engagée qui a également publié, avec Sandrine Beau, Clémentine Beauvais, Charlotte Bousquet, Alice Brière-Haquet, Carole Trébor et Kim Consigny le roman La revanche des Princesses (Ed. Poulpe Fictions, 14,95€). Diglee, l'illustratrice du roman, est elle aussi une femme que je trouve très inspirante qui publie autour du féminisme ; je te conseille notamment de lire Baiser après #MeToo et Libres.

J'espère que cet article t'a plu et t'a donné envie de découvrir ou redécouvrir la série Allô Sorcières ! Si tu la connaissais déjà, n'hésite pas à me le dire et à me donner ton avis dessus. Tu peux aussi me parler de tes lectures du moment, je suis toujours ravie de découvrir de nouvelles pépites ! En attendant, on se retrouve très vite pour un autre article Mars au féminin.

C'était Léa pour Sapristea,

À toi les studios.

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