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Sélection

Un printemps à Tchernobyl - Emmanuel Lepage

Il y a 35 ans, jour pour jour, le réacteur n°4 de Tchernobyl explosait . Comme moi peut-être, lorsque tu penses à ce 26 avril 1986, tu te sens microscopique. Tu tentes d'imaginer cette ultime seconde où tout a basculé, plaçant aujourd'hui Tchernobyl dans une bulle hors du temps et de tout espace. Tu peux te plonger dans des reportages, des podcasts, des photographies, des tableaux, mais tu te sens toujours à côté. Le plus grave accident nucléaire du XXe siècle, situé à près de 3000 km. C'est inimaginable. Loin, éloigné de notre quotidien, si proche, trop proche. C'est pour cela qu' Emmanuel Lepage, dessinateur, scénariste et coloriste de bande-dessinée, a accepté de s'y rendre en 2008 et de réaliser un reportage en dessin . Sur place, il rencontre les survivants des terres contaminées et leurs enfants.

#3 - Mars au féminin : George, Alex Gino

Comme prévu, je profite de Mars au Féminin pour poster des chroniques sur des livres jeunesse que je trouve inspirants, pertinents et qui mettent en avant des héroïnes, des autrices, des récits féministes et/ou des parcours de femmes. C'est avec grand plaisir que je te présente aujourd'hui le roman George que j'ai découvert en préparant cet article puisqu'il m'a été prêté par une amie qui y a tout de suite pensé ! Il a été écrit par Alex Gino et publié aux éditions l'Ecole des loisirs pour 14,50€.

RÉSUMÉ DE L'HISTOIRE
Pour la pièce de théâtre qui se tiendra dans l'école de George, Mlle Udell, la maîtresse de la classe de CM1, organise les répétitions et castings. D'abord, les filles, pour les personnages féminins, puis les garçons, pour les personnages masculins. Dans la tête de George, c'est une évidence : elle est une fille et veut jouer le rôle principal, celui de l'araignée Charlotte. Ce n'est malheureusement pas si frappant dans l'esprit de son entourage pour lequel George est un petit garçon.

A PREMIERE VUE... 
Quelques personnes m'ont vue pendant que je lisais ce roman et m'ont alors demandé quel en était le sujet. Je leur ai dressé un résumé reprenant peu ou prou ce que j'ai écrit précédemment, et beaucoup m'ont arrêtée pour faire un point. « Attends, je comprends pas, George est une fille ou un garçon ? », « Une personne transgenre est une personne qui s'habille en fille ? », « Du coup, on dit "elle" ou "il" ? ». Si ce n'est pas la preuve que nous manquons cruellement d'éducation à ce sujet... Il est donc nécessaire d'avoir des personnages variés et reflétant la société au sein de la littérature, tant pour permettre à chacun-e d'être tolérant-e (la peur de l'inconnu émerge aussi d'un manque de confrontation à celui-ci) que pour avoir la possibilité de lire des personnages qui nous ressemblent. C'est d'autant plus important quand il est déjà difficile de trouver autour de soi des personnes qui nous comprennent et auxquelles s'identifier ou quand parler de nos différences est trop compliqué.

LES POINTS POSITIFS
Comme je l'ai sous-entendu précédemment, George est un roman extrêmement intéressant et nécessaire, déjà par son sujet. Nous trouvons très peu de livres dans lesquels le personnage principal est transgenre, en particulier en littérature jeunesse. Il a été écrit pour des enfants et publié par l'Ecole des loisirs, qui, depuis ses débuts, publie des livres à destination des écoles. Beaucoup de parents et de professeur-es ont particulièrement confiance en cette maison d'édition et utilisent les yeux fermés ses livres comme supports pédagogiques (attention tout de même, tous ne sont pas des plus passionnants et certains véhiculent des idées désuètes). Ce sont très généralement des livres écrits pour être accessibles aux enfants ; ils ne sont donc pas toujours très édulcorés mais sont faciles à lire et à comprendre. C'est également le cas pour George. Le roman est intéressant par les messages et valeurs qu'il véhicule mais assez peu pour sa qualité littéraire. Ce n'est pas du tout un reproche que je lui fait : la lecture est agréable, même en tant qu'adulte, elle a juste pour objectif premier d'être accessible.
George, spécifiquement, est un personnage très agréable à découvrir, très touchant et particulièrement drôle. J'ai beaucoup aimé la première scène du roman qui a beaucoup de sens : George, seule chez elle, se cache dans la salle de bain pour regarder les magazines féminins qu'elle collectionne. Elle s'imagine en maillot de bain avec les jeunes filles représentées, jouant à la plage. Lorsque son grand-frère Scott arrive en trombe avec un pressant besoin d'aller aux toilettes, il la soupçonne évidemment de lire des revues cochonnes et l'en félicite. Je trouve que ce passage est un parfait incipit. Il nous présente George sous son propre prisme (c'est très important ici), de façon touchante et avec beaucoup d'humour.

Cela peut sembler être un détail pour certain-es, mais dès le départ, George est présentée en tant que fille. Elle est une fille, évidemment, c'est donc tout à fait normal, mais les personnages transgenres, lorsqu'ils sont abordés, le sont bien souvent sous le regard irrespectueux du narrateur. Je pense par exemple au roman Point Cardinal, de Léonor de Recondo aux éditions Sabine Wespieser, où Lauren est mégenrée tout du long.

Alex Gino est iel-même une personne non-binaire et c'est également très important de le souligner. Ce sont très souvent des thématiques abordées par des personnes qui ne sont pas directement concernées, plaçant dans l'ombre toutes celles qui sont bien mieux placées pour transmettre de tels messages. La littérature, comme bien d'autres domaines, a un sacré train de retard à ce niveau. Les femmes sont déjà très peu mises en avant (je rappelle que le prix Goncourt compte seulement 12 lauréates en plus de 100 ans d'existence et que le jury a toujours été composé quasi-exclusivement d'hommes), je te laisse imaginer ce qu'il en est pour toutes les autres minorités... 

LES POINTS NEGATIFS
Puisque rien n'est parfait, George compte des points négatifs qui sont suffisamment conséquents pour tenir une certaine place dans ma chronique. D'abord, bien que ce ne soit pas un énième livre dramatique (les personnages un peu différents ont rarement un avenir heureux, au cinéma comme en littérature), il faut quand même noter que George subit des moqueries à l'école et qu'elle n'est globalement pas acceptée telle qu'elle est. Cela reflète très probablement la réalité, je ne peux donc pas le reprocher à Alex Gino, mais en ce sens, son roman doit être lu par un public averti. Les personnes concernées par ces questions de genre et d'identité pourront, je l'espère, s'identifier à George, mais ne liront peut-être pas un roman que leur permettra l'évasion.

Les personnages du roman sont plutôt clichés. Les garçons sont bagarreurs, un peu idiots et à l'hygiène douteuse tandis que les filles sont délicates et aiment la mode et le maquillage. C'est vraiment dommage à mon sens d'avoir écrit un roman autour des questions de genre tout en véhiculant certains stéréotypes. Je tiens quand même à nuancer ce point ; j'imagine qu'il s'agit d'un parti-pris, de l'auteur-e ou de la maison d'édition pour être plus accessible aux enfants. 
Alex Gino étant américain-e, j'ai lu la traduction en français de son roman, je ne peux donc que parler de celle-ci (il faudrait lire la version originale) dans laquelle le terme « transsexuel » est plusieurs fois utilisé. Il est très problématique puisqu'il fait référence à ce que l'on pensait être une maladie mentale chez les personnes transgenre (or, la transidentité n'est pas une maladie, évidemment). A nouveau, je ne sais pas comment cela a été écrit à l'origine, si ça a été repris à la traduction ou par la maison d'édition... C'est une erreur qu'il est important d'indiquer aux enfants à la lecture.

EN BREF 
Comme toujours pour Mars au féminin, si j'ai décidé de chroniquer George d'Alex Gino, c'est parce que je te le recommande et que je l'aime beaucoup. J'aimerais lire davantage de romans mettant en avant des personnages différents reflétant une société de personnes très différentes les unes des autres. J'aimerais aussi vivre dans un monde où la tolérance règne, et cela passe définitivement par l'éducation des enfants ; leur mettre entre les mains des livres comme celui-ci est alors nécessaire. C'est un livre agréable à lire à tout âge puisqu'il permet aussi aux adultes de se replonger dans l'enfance (j'ai notamment beaucoup aimé les moments de repas, où George prend son goûter préparé avec soin, où certains aliments la réconfortent, chez elle ou chez sa meilleure amie Kelly... j'y ai retrouvé des bribes de mon enfance). C'est un roman qu'il faut malgré tout nuancer puisqu'il n'est pas parfait. 

Cet article signe la fin de Mars au féminin ! J'aurais aimé te présenter davantage d'ouvrages, mais publier à une telle cadence est compliqué pour moi. J'espère que cette sélection inspirera tes lectures et peut-être celles de ton entourage. Quoi qu'il arrive, tu retrouvera évidemment des livres présentant des héroïnes, écrits par des femmes ou abordant le féminisme sur le blog mais aussi sur Instagram où je suis très présente.

S'il t'intéresse, tu peux retrouver George d'Alex Gino aux éditions l'Ecole des loisirs pour 14,50€ !
C'était Léa pour Sapristea,
À toi les studios.


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